samedi 17 janvier 2009

Quelque chose d'Anne Frank : Journaux intimes de la seconde guerre mondiale

Une fois n'est pas coutume, L'expo Prostituées d'Europe s'étant terminée la veille et celle consacrée à Madagascar et à ses petits métiers ne commençant que le mois prochain, aucune expo n'ornait les murs de la grande salle. Ca fait drôle, les habitudes ayant la vie dure mais c'est comme ça.

Dans le cadre de la pièce Quelque chose d'Anne Frank, de Richard Kalisz, qui se joue au Jacques Franck les 20-21, 23 et 24 janvier, la Maison du Livre nous proposait une rencontre autour de cinq journaux intimes de la seconde guerre mondiale : Le Journal d'Anne Frank, La Langue du Troisième Reich (LTI) de Victor KLEMPERER, Une Femme à Berlin (anonyme), Le Journal d'Hélène Berr et Le Journal de Rutke.


Roland Baumann (journaliste et enseignant ULB/INRACI) nous a expliqué les points communs entre ces cinq journaux. Le premier est qu'ils ont tous été écrits en présence de la mort, un autre est cette volonté de témoigner tout en ne sachant pas s'ils survivraient. Il a également remis dans leur contexte chacun de ces cinq journaux, deux écrits par des adolescentes (Anne Frank et Rutke), deux par des Allemands (Victor Klemperer et l'auteure d'Une femme à Berlin) et un par une étudiante (Hélène Berr). Françoise Wuilmart nous a parlé avec passion de sa traduction d'Une Femme à Berlin en expliquant que pour pouvoir traduire un texte, elle doit le sentir, se l'approprier. Elle a entendu la voix de cette femme allemande, journaliste cultivée. Françoise a également mis en avant l'importance de la cocasserie de certaines scènes, de la présence de l'humour pour survivre.


Cette rencontre a été illustrée par la lecture d'extraits de ces journaux par les comédiens Angelo Bison et Carmela Locantore pour La Langue du Troisième Reich, Une femme à Berlin, Le Journal d'Hélène Berr et Le Journal de Rutke. Des extraits se répondaient d'un journal à l'autre, je pense entre autres au vécu de l'obligation du port de l'étoile jaune, que ce soit pour Victor Klemeperer, Hélène Berr ou pour Rutke.
Des lettres du Journal d'Anne Frank ont quant à elles été lues par par Jonas, Dan et Sarina, trois étudiants des écoles associées au projet de Richard Kalisz qui voulait assurer la pérennité de ces textes en y associant les jeunes.


J'ai beaucoup apprécié cette illustration des propos par des lectures. Ca m'a permis d'entrer dans certains de ces journaux que je n'avais pas lus ou que je ne connaissais pas.
Je crois que j'entendrai encore longtemps résonner la voix d'Angelo Bison scander le mot historique dans sa lecture d'un extrait de LTI. Et voilà le mot avec lequel, du début jusqu'à la fin, le national-socialisme a fait preuve d'une prodigalité démesurée. Il se prend tellement au sérieux, il est tellement convaincu de la pérennité de ses instituitions, ou veut tellement en convaincre les autres, que chaque vétille qui le concerne, tout ce qui le concerne, tout ce à quoi il touche, acquiert une signification historique. Il prend pour historique chaque discours du Fürher,... il prend pour historique chaque rencontre du Fürher avec le Duce, ... La victoire d'une voiture de course allemande est historique, ... *

Et comme l'a si bien conclu un membre du public : merci à tous pour ces lectures et plus particulièrement aux étudiants.


*in LTI, la langue du IIIe Reich, par Victor Klemperer, éditions Pocket 2006, p. 75-76

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