vendredi 12 décembre 2008

De la grisette à la courtisane, Les prostituées dans la littérature du XVIIIè siècle

Dans le cadre de l'expo Prostituées d'Europe, la Maison du livre accueillait la chercheuse Valérie André (ULB) venue nous parler de la figure de la prostituée dans la littérature française du XVIIIe siècle. C'était la première conférence "solo" à laquelle j'assistais à la Maison du Livre. Etant habituée aux débats et dialogues à deux, trois, quatre ou plus intervenants, ce changement de forme m'a un peu perturbée au début mais s’est révélé être tout aussi intéressant.

Après une brève contextualisation du sujet, Valérie André nous a expliqué qu'on retrouve les prostituées essentiellement dans deux veines dans les romans du XVIIIe : la veine sensible, sentimentale dans laquelle on retrouve par exemple Manon Lescaut de L'Abbé Prévost et la veine érotique, libertine qui était au cœur du sujet de cette conférence.

La conférence a été axée autour des types de prostitutions et de prostituées présents dans le roman de la veine érotique et libertine du XVIIIe. On y trouve par exemple la prostituée victime, avec Le Paysan perverti ou encore La Paysanne pervertie de Restif de la Bretonne; la prostitution au quotidien avec Le Pornographe du même Restif de la Bretonne ou La Correspondance d'Eulalie; La prostitution comme gagne-pain de femmes de tempérament (prostitution libertine) avec Juliette de Sade; le documentaire commercial : genre de "Guide du routard" de la prostitution avec entre autres Lettres d'un Provençal à Paris qui, sous couvert d'échanges épistolaires avec son épouse restée au pays, recense les bordels ou encore la prostitution au masculin avec Ma Conversion ou le libertin de qualité de Mirabeau.

La conférence s'est poursuivie avec la présentation des thèmes principalement présents dans ce type de romans : l'argent : rapport entre misère et prostitution, évolution de la prostitution dans le paysage ; les fantasmes et violence des clients ; les catégories sociales des clients ; les noms de "guerre" des prostituées : elles ne gardent généralement pas leur prénom de baptême. Prénoms types : Rosalie ou encore Eulalie. Des thèmes moins joyeux, tels la hantise de l'hôpital (entendu ici dans le sens de prison), des maladies vénériennes, de la vérole (il lui a donné une galanterie), sont également présents.

Valérie a agrémenté ses explications de lectures de petits extraits, entre autres de textes de Restif de la Bretonne, de Louis-Sébastien Mercier mais aussi d'auteurs anonymes ainsi que des extraits de police de l'époque (e.a d'Antoine de Sartine qui devient lui-même personnage de roman dans les aventures de Nicolas Le Floch, sous la plume de Jean-François Parot).

Notons pour finir que si la prostitution n'est jamais clairement nommée dans Manon Lescot de l'Abbé Prevost, ce roman a fait beaucoup parler de lui durant de cette soirée et plus particulièrement lors du dialogue avec le public.

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